Vous avez très certainement déjà profité des bienfaits de la bourrache, et plus particulièrement de son huile riche en acides gras polyinsaturés et en principes actifs très puissants. Celle qui possède des fleurs de couleur bleu azur est une grande alliée de la peau. Qu’en disent les recherches scientifiques ? Comment utiliser la bourrache, et quelles sont ses contre-indications ? Réponses.
La bourrache (Borago officinalis L.) est une plante appartenant au genre Borago, qui regroupe cinq espèces de plantes herbacées appartenant à la famille botanique des Boraginaceae. Cette plante peut atteindre cinquante centimètres de haut. Elle possède des poils piquants et rudes sur toute sa surface, des feuilles ovales ainsi que des tiges creuses ramifiées. Les fleurs de la bourrache sont bleues à pétales aigus. Ces fleurs emblématiques sont d’un bleu azur perçant, mais il existe aussi des variétés de bourrache à fleurs blanches. Les fleurs de la plante encourent un faisceau conique d’anthères noires. Les graines de la plante donnent des floraisons non synchronisées, car le rendement en graines est aléatoire.
En phytothérapie, on utilise principalement les graines, les fleurs et les sommités fleuries de la bourrache. On en fait souvent une teinture mère de Borago officinalis. Mais la bourrache est principalement cultivée pour la production de ses graines, qui sont particulièrement riches en huile (acides gras polyinsaturés). D’autre part, elle est très appréciée pour ses propriétés au potager. Elle est très utile au jardin, car elle attire les insectes pollinisateurs comme les bourdons et les abeilles, ainsi que certaines espèces de papillons.
La bourrache possède une composition unique en son genre, faite de mucilages, flavonols et allantoïne. Elle contient aussi des sels de potassium, des anthocyanes dans les fleurs ainsi que des alcaloïdes pyrrolizidiniques : lycopsamine, supinine et amabiline. L’huile de bourrache offre un rendement variable en acides gras polyinsaturés, compris entre 13 et 33 %. Ces acides gras sont à de 30 à 40 % d’acide linoléique et 20 à 40 % d’acide gamma linoléique. Ce sont des acides gras oméga 6. Pour le reste, il s’agit d’acide palmitique, d’acide oléique, d’acide stéarique, d’acide érucique ainsi que d’acide eicosanoïque.
La bourrache est une plante originaire d’Europe et d’Afrique du Nord. Elle est donc très présente sur le pourtour méditerranéen, mais également dans les terres. La plante est également présente sur les continents américains, au nord et au sud. Elle apprécie les emplacements ensoleillés et apprécie le climat méditerranéen et continental. La bourrache se développe naturellement en pleine terre en France et dans le reste du continent. Et pour cause : sa culture est très facile et son feuillage est semi-persistant.
Au Moyen-Âge déjà, on utilisait la bourrache comme une plante médicinale, notamment pour ses propriétés aphrodisiaques que beaucoup qualifiaient de « magiques ». La bourrache donnait alors de l’assurance et de la confiance à ceux qui la consommaient. À cette époque, un rameau de bourrache fleurie permettait souvent aux séducteurs d’avoir du succès auprès des femmes.
La bourrache fut rapportée de Damas lors des Croisades. Elle a, au fil des siècles, réussi à conquérir l’ensemble de l’Afrique du Nord et de l’Europe. Comme elle est une plante annuelle, elle est commune aux jardins, aux champs et aux terres cultivées.
À l’heure actuelle, la bourrache se trouve principalement en Europe et aux États-Unis. Elle est majoritairement cultivée pour son huile et ses nombreux bienfaits sur la santé. La plante, et plus particulièrement ses parties aériennes et ses fleurs, appartient d’ailleurs à la Pharmacopée française (liste A).
Vous pourrez la retrouver sous plusieurs noms et surnoms comme « langue-de-bœuf » ou « pain des abeilles ». D’ailleurs, si elle est très appréciée pour ses vertus thérapeutiques et curatives, cette plante sert aussi énormément en arts culinaires. Ses fleurs et ses feuilles sont aujourd’hui utilisées comme des épices afin de rehausser le goût des plats et les décorer. Dans certains pays, on utilise la bourrache pour élaborer des bonbons, des desserts et des friandises.
Les études portant sur la bourrache et ses graines révèlent que l’huile extraite de la plante est efficace pour soulager les inflammations ainsi que les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde (1-3). Les acides gras Oméga 6 présents dans les graines de la plante aident à combattre l’inflammation. Ils participent également à l’optimisation et au bon fonctionnement du système immunitaire. Grâce à ses vertus anti-inflammatoires, elle aide à prévenir et à lutter contre les douleurs de toutes les formes d’inflammations, qu’elles soient d’origine articulaire ou non. La plante est aussi efficace contre les raideurs matinales, qui font partie des symptômes de la polyarthrite rhumatoïde.
Les fleurs de bourrache contiennent des sels de potassium, qui participent à la régulation et à la stabilisation de la pression sanguine. Par conséquent, la plante contribue à réduire le risque d’accidents vasculaires et d’hypertension artérielle. L’huile de bourrache extraite des graines contribue à la réduction des dépôts de lipides qui ont tendance à obstruer les vaisseaux sanguins. Dans cette même mesure, la plante participe à la réduction du risque de lésions cérébrales et de maladies cardiovasculaires (4).
La bourrache, et plus particulièrement son huile, est reconnue pour ses effets revitalisants, émollients et hydratants. En effet, l’huile de bourrache est particulièrement bienfaisante pour la peau. Elle constitue un soin hydratant, nourrissant (par sa teneur en acides gras) et anti-âge (grâce à ses antioxydants) très puissant. On utilise aussi cette huile sur les ongles cassants et les cheveux qui ont besoin de soins naturels.
D’autre part, l’huile de bourrache se montre bénéfique face à de nombreux problèmes et maladies de la peau. C’est le cas du psoriasis et de l’eczéma (dermatite atopique). En effet, l’huile de bourrache permet de prévenir la dermatite atopique et de réduire ses effets. Les acides gras Oméga 6 sont responsables de ces bienfaits en raison du rôle essentiel qu’ils jouent sur la physiologie et la structure de la peau (5). Face aux problèmes de peau, l’huile de bourrache semble être plus efficace que l’huile d’onagre et plus opérante en raison de sa teneur plus élevée en AGL, qui lui est trois fois supérieure (6-7).
En ce qui concerne les soins cutanés, la bourrache améliore le niveau d’hydratation et la structure de la peau. Elle est donc bénéfique contre la parakératose séborrhéique, que l’on appelle aussi « chapeau » (8).
En raison des acides gras et antioxydants qu’elle contient, la bourrache est très utile pour lutter contre le vieillissement cellulaire. Les graines de la bourrache et ses parties aériennes contiennent des antioxydants puissants (9). Son huile ou ses autres produits sont efficaces pour lutter contre les effets des radicaux libres et du stress oxydatif. L’huile de bourrache rend élasticité et souplesse à la peau. Elle contribue aussi à calmer les rougeurs, les sécheresses anormales, l’acné… En usage interne, elle favorise la souplesse, la fermeté et l’élasticité de la peau. Elle protège aussi des effets du Soleil et constitue un antiride très efficace. Par voie externe, l’huile de bourrache peut être cicatrisante en raison de sa composition comprenant des allantoïnes.
Lorsqu’on la consomme en infusion (feuilles et fleurs), la bourrache peut se montrer d’une aide redoutable face aux affections respiratoires. C’est le cas des bronchites, des rhumes, des pneumonies, des grippes, des trachéites… Elle peut aussi être efficace contre la rougeole ainsi que la scarlatine. Ici, elle peut être utilisée en prévention ou en soin face à ces affections souvent hivernales. Il faut aussi souligner ici que la plante possède des propriétés antitussives et expectorantes, qui peuvent s’avérer très utiles en cas d’affection hivernale et/ou affectant les voies respiratoires.
Les femmes qui souffrent de douleurs prémenstruelles et des symptômes de la ménopause peuvent utiliser la bourrache pour ses bienfaits. Son huile extraite à froid est riche en acides gras Oméga 6. Ces derniers participent activement au soulagement des symptômes prémenstruels, quels qu’ils soient. Il peut s’agir des bouffées de chaleur, de l’endométriose, de l’infertilité féminine, des sautes d’humeur ou encore des crampes pendant l’ovulation, et même de la sensibilité des seins. Ici, il peut être opportun de l’associer à l’huile d’onagre qui est aussi réputée pour ses effets sur la ménopause et ses symptômes.
La présence de nitrates de potassium dans les fleurs, les feuilles et les tiges de la bourrache en font un puissant dépuratif naturel. La plante stimule les fonctions rénales et participe au drainage du sang. En outre, elle agit aussi dans la prévention des calculs rénaux et sur les éruptions cutanées. Elle peut même soulager la goutte. Dans tous les cas, elle stimule les fonctions d’évacuation et d’élimination des toxines par la transpiration et l’urine.
En usage externe, l’huile de bourrache est à appliquer directement sur la peau. On peut aussi la mélanger à d’autres huiles, à l’image de l’huile d’amande. Elle peut aussi s’associer à d’autres huiles pour traiter différents problèmes de peau, comme vous pouvez le constater dans le point suivant (Associations avec d’autres plantes).
Pour ce qui est des usages internes, on peut l’utiliser de plusieurs façons :
Si vous achetez un produit contenant de la bourrache ou des extraits de cette plante, assurez-vous de respecter la posologie indiquée par le fabricant. Au moindre doute, consultez un professionnel de santé.
La bourrache se retrouve souvent dans les mélanges de plantes en raison de ses bienfaits sur la pollinisation des autres plantes. Au jardin, elle n’a que des bénéfices et il est conseillé de lui trouver une place dans chaque potager !
Étant particulièrement riche en acides gras Oméga 6, la bourrache peut aussi s’associer aux produits riches en Oméga 3 pour une complémentarité idéale. Ici, il est souvent conseillé d’associer des sources végétales d’acides gras.
Pour lutter contre la sécheresse de la peau, on associe généralement la bourrache à l’huile d’onagre. Pour le vieillissement cutané et les rides, c’est à l’huile de germe de blé que l’on peut la mélanger, ainsi qu’au curcuma et à l’acide hyaluronique. L’huile de bourrache s’associe aussi à l’huile de carotte pour préparer la peau au soleil. En cas de psoriasis ou d’eczéma, on préfère une association avec l’avoine. Pour ses bienfaits sur la peau, elle se marie idéalement avec l’aloe vera, l’huile d’argan, l’huile de jojoba et l’huile d’amande douce. Et pour les ongles cassants et ternes, la bourrache combine ses bienfaits aux feuilles d’ortie et à la levure de bière.
Des études mettent en évidence le risque d’interactions qui existe entre la consommation d’huile de bourrache et de certains médicaments. Il s’agit essentiellement d’anticoagulants, d’antidouleur et d’anti-inflammatoires.
L’huile de graines de bourrache est un produit sécuritaire. Toutefois, la plante dans son intégralité ne l’est pas. En effet, il existe une hépatotoxicité et une mutagénicité en raison de la présence d’alcaloïdes pyrrolizidinique. Ces éléments présents dans la plante peuvent provoquer une intoxication du foie et se comportent comme des cancérogènes génotoxiques. Des traces peuvent être présentes dans l’huile de bourrache, c’est pourquoi il est important de choisir une huile de qualité et de respecter les précautions d’emploi.
Les parties aériennes de la plante sont déconseillées aux personnes qui souffrent de troubles hépatiques, aux enfants ainsi qu’aux femmes enceintes et allaitantes.
D’autre part, la bourrache est contre-indiquée durant la grossesse et l’allaitement. Il en est de même pour les enfants et les adolescents âgés de moins de dix-huit ans.
La consommation de bourrache peut également entraîner l’apparition d’effets indésirables qui restent rares. Il s’agit principalement de nausées, de constipation, de gaz et de diarrhées (10). En surdosage, l’huile de bourrache peut être légèrement laxative et entraîner des ballonnements. Aux doses normales, elle est sans danger pour la santé.
Il est possible de trouver des compléments alimentaires contenant de la bourrache dans les pharmacies, parapharmacies et boutiques spécialisées, comme les magasins bio. L’huile de bourrache, elle, se trouve très facilement. Dans ce cas, il faut choisir une huile obtenue par première pression à froid, et idéalement biologique. La qualité est à privilégier sur la quantité. La bourrache peut également être cultivée au jardin, parmi les légumes et autres plantes du potager.
Pour déterminer si une huile est de qualité, il faut s’assurer que le complément alimentaire ou l’huile soit titré à au moins 20 % en acide gamma linoléique. Au-delà, il pourrait s’agir d’un produit douteux. Il faut également vérifier que l’huile a bien été extraite par première pression à froid, et qu’aucun traitement particulier ne lui a été infligé, comme le préchauffage ou le raffinage de l’huile. En outre, intéressez-vous aux origines des graines de bourraches utilisées pour la confection du produit. On préfère toujours des graines issues de l’agriculture biologique afin de s’assurer de l’absence de pesticides et d’autres substances chimiques.
Bien sûr, il faut opter pour des huiles 100 % naturelles et vierges. Pour une meilleure préservation du produit, l’huile de bourrache en capsules est à privilégier. En effet, en flacon, l’huile risque l’oxydation. Toutefois, si vous préférez utiliser l’huile en bouteille, achetez uniquement des petits flacons qui pourront être consommés rapidement.
1. Zurier RB, Rossetti RG, Jacobson EW, DeMarco DM, Liu NY, Temming JE, White BM, Laposata M. Arthritis Rheum. 1996 Nov; 39(11):1808-17. Gamma-Linolenic acid treatment of rheumatoid arthritis. A randomized, placebo-controlled trial.
2. Leventhal LJ, Boyce EG, Zurier RB. Ann Intern Med, 1993, vol. 119 (pg. 867-73). Treatment of rheumatoid arthritis with gammalinolenic acid.
3. Soeken Kl, Miller Sa, Ernst E. Rheumatology. 2003, Vol. 5, 42, pp. 652–659. Related Herbal medicines for the treatment of rheumatoid arthritis: a systematic review.
4. Asadi-Samani M, Bahmani M, Rafieian-Kopaei M. The chemical composition, botanical characteristic and biological activities of Borago officinalis: a review. Asian Pac J Trop Med. 2014 Sep.
5. Van Gool CJ, Thijs C, et al. Gamma-linolenic acid supplementation for prophylaxis of atopic dermatitis – a randomized controlled trial in infants at high familial risk. Am J Clin Nutr. 2003.
6. Van Gool CJ, Thijs C, et al. Gamma-linolenic acid supplementation for prophylaxis of atopic dermatitis – a randomized controlled trial in infants at high familial risk. Am J Clin Nutr. 2003.
7. Foster RH, Hardy G, Alany RG. Borage oil in the treatment of atopic dermatitis. Nutrition. 2010 Jul-Aug; 26 (7–8):708-18. doi: 10.1016/j.nut.2009.
8. Tollesson A, Frithz A. Borage oil, an effective new treatment for infantile seborrhoeic dermatitis. Br J Dermatol. 1993. Étude mentionnée et résumée dans : Chandler Frank (Ed.) Herbs – Everyday Reference for Health Professionals, Canadian Pharmacists Association and Canadian Medical Association, 2000.
9. Mahinda Wettasinghe, Fereidoon Shahidi. Antioxidant and free radical-scavenging properties of ethanolic extracts of defatted borage (Borago officinalis L.) seeds. Food Chemistry, Volume 67, Issue 4, December 1999.
10. https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/rheumatoid-arthritis/diagnosis-treatment/drc-20353653.