Élément important de la médecine traditionnelle chinoise, celui que l’on appelle souvent le champignon chenille constitue un aliment unique en son genre. Il possède d'ailleurs des propriétés hors du commun sur notre organisme et certaines de ses fonctions. Qu’en disent les recherches scientifiques ? Comment utiliser le cordyceps sinensis, et quelles sont ses contre-indications ?
Définition et composition de la plante
Très souvent présenté sous le nom de « champignon chenille », le cordyceps sinensis est une espèce de champignons ascomycètes, qui est issue de la famille des cordycipitacées. Il porte bien d’autres noms : « yarsagumbu » « Ophiocordyceps sinensis »... Il s’agit d’un champignon dont le mycélium se développe habituellement dans l’organisme de certains lépidoptères, et notamment dans le corps de la chenille. Le carpophore, qui désigne sa partie aérienne, possède une forme particulière qui rappelle celle d’un doigt. Il peut mesurer entre quatre et onze centimètres de longueur. Ce carpophore commence à se développer à la mort de l’insecte, tel un prolongement naturel de son corps. Ce champignon est donc entomopathogène : il infecte les insectes et profite de leur mort pour se développer.
En règle générale, la médecine traditionnelle utilise le mycélium du champignon, et donc sa partie aérienne pour traiter divers maux. Aujourd’hui, le mycélium du cordyceps sinensis est cultivé sur un substrat, qui est fait à base de riz. Une dizaine de souches de ce champignon sont cultivées. Les plus répandues sont le Cephalosporium sinensis et le Paecilomyces hepiali. Ce sont ces deux souches qui sont les plus utilisées dans le cadre des études cliniques.
Le cordyceps sinensis se compose en grande partie de protéines et d’acides aminés. On y trouve aussi des stérols (bêta-sitostérol, campestérol, ergostérol, daucostérol) ainsi que des polysaccharides et des polyamines en faibles quantités. Ce champignon parasite contient divers minéraux, comme du fer, du zinc, du calcium, du magnésium, du manganèse, du sélénium et du cuivre. Quelques vitamines viennent aussi enrichir sa composition. Il s'agit des vitamines E, K, B1, B2 et B12. Enfin, le cordyceps sinensis contient également de la cordycépine, des acides gras, des acides organiques ainsi que des nucléosides (uridine, adénine, guanoside, thymidine…). Cette exceptionnelle composition en fait un élément majeur de la médecine traditionnelle chinoise.
Origine et historique
Ce champignon à l’allure particulière est originaire du Tibet. On le trouve aussi dans certaines régions montagneuses de la Chine telles que le Sichuan, Yunnan et Gansu. Le cordyceps est aussi répandu au Bhoutan, en Inde et au Népal. Il ne pousse donc que dans certains pays du continent asiatique. Ce champignon se trouve essentiellement dans les régions montagneuses, à plus de trois mille mètres d’altitude.
Cela fait plus de mille ans que les Chinois utilisent le cordyceps sinensis. Il y a longtemps, ce champignon était exclusivement réservé à l’Empereur de Chine et à sa cour, en raison de son caractère très rare. On le considérait alors comme le champignon des empereurs, et il portait le doux nom d’« or brun ». >Les légendes chinoises racontent que la découverte du champignon a été rendue possible par les chèvres et les yaks tibétains. Les éleveurs observaient alors les effets du champignon sur ces animaux et en ont déduit quelques propriétés spécifiques. Au Tibet, l’usage du cordyceps sinensis était alors uniquement réservé au dalaï-lama.
C’est en 1976 qu’un athlète chinois a révélé au monde entier les bienfaits et vertus de ce champignon hors du commun. Il remporta plusieurs victoires dans différentes compétitions de course à pied, ce qui n’a pas manqué d’attiser la curiosité des Occidentaux et des scientifiques. De nombreuses études scientifiques ont ensuite été réalisées sur le cordyceps sinensis, la plupart s’étant déroulées en Chine. Très populaire auprès de la population, son usage s’est très vite répandu dans le pays et dans le reste du monde. Aujourd'hui, il se présente essentiellement sous la forme d'un complément alimentaire.
Recherches et bienfaits
La stimulation sexuelle
En Chine, on utilise le cordyceps sinensis depuis très longtemps, principalement pour ses propriétés bénéfiques sur la sexualité et sur la libido. En effet, plusieurs études ont été menées en Asie sur ce possible effet du champignon chenille. Les études portaient alors sur des centaines de personnes, et démontrent que le cordyceps sinensis permet de stimuler la fonction sexuelle des personnes chez qui elle est déficiente. Cet effet est observé lors d’une consommation de trois grammes de champignon par jour. Le champignon s’avère donc efficace chez les hommes comme chez les femmes qui manquent de tonus sexuel. Chez les hommes qui souffrent d’impuissance ou de problèmes d’érection, le cordyceps peut aussi s’avérer d’un grand soutien. Les femmes peuvent y avoir recours pour traiter les troubles sexuels, à l’image de la frigidité, mais également pour réduire les symptômes liés à la ménopause.
Les maladies respiratoires
Toujours en Chine, les scientifiques se sont penchés sur les indications médicales du champignon, au cours de nombreuses études. Elles avaient pour but de déterminer les effets possibles du champignon chenille sur les maladies respiratoires et leurs symptômes. Au cours de ces essais, le cordyceps sinensis a permis de réduire considérablement les symptômes de différentes maladies respiratoires, comme l’asthme et la bronchite chronique. D'autre part, le cordyceps sinensis participe aussi à renforcer le système immunitaire face aux infections et aux différentes affections courantes. Des résultats très prometteurs ont été émis en ce sens en 2004, lors d’une étude réalisée à l’occasion du congrès annuel de l’American Physiological Society.
Le cordyceps privilégie une utilisation optimale de l’oxygène par l'organisme, et participe ainsi à la préservation des poumons. Dans cette même logique, il permet de soulager les crises des personnes asthmatiques et maintient un flux d’air normal vers les poumons.
La protection des reins, du foie et des poumons
Les effets bénéfiques du cordyceps sinensis se ressentent sur les organes émonctoires du corps humain. Il s’agit donc du foie, des reins et des poumons. Pendant longtemps, on utilisait ce champignon pour traiter la plupart des maladies hépatiques. Celui-ci contribue notamment à prévenir les maladies affectant le foie, comme la fibrose hépatique, la stéatose, la cirrhose ainsi que l’hépatite virale. Le champignon renforce alors les fonctions des poumons, des reins et du foie. Ces propriétés sont mises en avant par les résultats des études in vitro réalisées avec le cordyceps sinensis.
Le champignon protège les reins contre certains médicaments et leurs effets toxiques. De plus, il stimule leur fonctionnement, notamment chez les personnes atteintes d’insuffisance rénale. Les experts pensent que ce champignon pourrait aussi réduire les risques de complication et de rejets à la suite d’une transplantation rénale. Enfin, la néphropathie touche souvent les personnes atteintes de lupus. Il s'agit d'une maladie du rein. Associé à l’artémisinine, le cordyceps pourrait alors réduire la récurrence de cette maladie particulière.
Le stress, la dépression et la fatigue
Le cordyceps est un champignon réputé pour ses effets revigorants sur l’énergie vitale. Les personnes âgées qui le consomment chaque jour remarquent généralement une nette amélioration de leurs capacités physiques et de leur forme. Les médecins traditionnels chinois utilisent ce champignon pour traiter le stress et la fatigue. Le cordyceps agit directement sur nos systèmes de défense naturels et il stimule notre vitalité, jour après jour. En consommant ce champignon, on devient plus tolérant à la fatigue et à ses effets, ainsi qu’au surmenage. Enfin, les principes actifs présents dans le cordyceps lui permettent de soutenir un certain équilibre de notre système nerveux.
En Chine et en Asie, le champignon chenille est souvent utilisé par les médecins traditionnels dans les traitements de l’anxiété et de la dépression. Il s’utilise alors en tant que complément alimentaire, dont les bienfaits sont stupéfiants. Dans ce cadre, il participe donc à renforcer notre bien-être psychologique et physique. Ses principes actifs nous aident également à retrouver de la motivation et du courage pour affronter des situations difficiles.
Un champignon anti-cancer
Le cordyceps sinensis figure souvent dans les listes des meilleurs remèdes naturels face au cancer. En effet, ce champignon hors du commun contient de la cordycépine. Il s'agit ici d'un principe actif connu pour ralentir la croissance cellulaire des cellules cancéreuses. Ainsi, ce champignon asiatique limite la propagation des cellules cancéreuses dans l’organisme. D’autre part, cette substance peut empêcher la fixation des cellules tumorales dans les cellules intactes de l’organisme lorsqu’elle est consommée à fortes doses.
D’une certaine manière, le champignon chenille permet de freiner le processus cancéreux. Celui-ci se manifeste généralement par la destruction cellulaire, notamment dans le cadre de la leucémie. Des études supplémentaires sont actuellement menées pour déterminer les effets exacts du cordyceps sinensis sur l’organisme et sur le cancer.
Les autres bienfaits du cordyceps sinensis
Le cordyceps possède une composition riche en nutriments variés. Parmi eux, certains sont réputés pour leurs effets antioxydants sur l’organisme. Ils confèrent alors au cordyceps sinensis un pouvoir détoxifiant très puissant. À ce titre, le champignon favorise l’élimination des toxines, des déchets divers ainsi que des radicaux libres présents en excès. De cette façon, le cordyceps sinensis favorise un fonctionnement optimal du métabolisme de notre corps. Le champignon permet aussi de purifier les organes et de leur apporter des nutriments essentiels à leur bon fonctionnement. De plus, comme il est antioxydant, il permet de lutter contre le vieillissement des cellules, et donc contre l’apparition de rides.
Les composants du cordyceps peuvent également renforcer les capacités physiques ainsi que l’endurance du corps humain, notamment chez les personnes âgées, fatiguées ou en convalescence. Les sportifs le consomment également pour ses effets bénéfiques sur l’optimisation de la masse musculaire, et sur la récupération après l’effort.
Consommation, indications et posologie
Les consommateurs de cordyceps sinensis utilisent exclusivement le carpophore du champignon, qui désigne sa partie aérienne. On le trouve alors en gélules d’extraits, mais également en poudre et sous sa forme séchée. Sur le marché, il n’est pas rare de croiser du cordyceps sinensis sous sa forme naturelle, notamment dans les herboristeries et les boutiques chinoises. Cependant, les gélules constituent le mode de prise le plus adapté pour profiter au maximum des bienfaits du champignon. C’est aussi le meilleur moyen de respecter le dosage maximal recommandé. Au cours de votre cure, faites des pauses régulières de plusieurs jours ou de plusieurs semaines, afin de laisser à votre corps le temps de se reposer.
Traditionnellement, il est recommandé de prendre entre cinq et dix grammes de poudre de cordyceps sinensis chaque jour, pour bénéficier de ses bienfaits sur la santé. Ces doses sont souvent réduites à trois grammes, et notamment dans le cadre des études cliniques réalisées sur le champignon chenille. En effet, trois grammes constituent déjà une dose suffisante pour les consommateurs habitués à ce champignon. De plus, si ce dernier est très chargé en principes actifs, il est préférable de ne pas outrepasser cette quantité journalière de trois grammes.
Pour obtenir un traitement personnalisé à base de cordyceps sinensis, il est aussi possible de consulter un praticien formé en médecine traditionnelle chinoise. En cas de doute, consultez votre médecin.
Association avec d'autres plantes et interactions
On ne connaît pas d’association spécifique du cordyceps sinensis avec d’autres plantes, champignons ou aliments. On sait simplement que son action peut s’ajouter à celles de plantes médicinales diverses tel que le ginseng, le fenugrec ou bien encore la rhodiola. En théorie, ses effets peuvent s’associer à ceux des médicaments et des suppléments dotés d’effets immunosuppresseurs, à l’image de la cyclosporine. Si vous suivez un traitement de ce type ou pour une tout autre pathologie, n’hésitez pas à consulter votre médecin avant de débuter une cure de cordyceps sinensis.
Contre indications
Il est indispensable de respecter les doses journalières prescrites par votre médecin ou votre praticien en médecine chinoise. Si vous consommez ce champignon sans avis médical, ne dépassez pas la dose journalière de trois grammes de cordyceps sinensis. On ne connaît pas de contre-indication à sa consommation. Cependant, il est plus raisonnable de s’en tenir aux doses journalières courantes dans le cadre d’une consommation responsable. D’autre part, les femmes enceintes et allaitantes devront également éviter le cordyceps sinensis, en raison d’un manque de données toxicologiques à son sujet. Et de la même manière, les jeunes enfants ne devront pas consommer ce champignon.
Le cordyceps sinensis n’entraîne presque jamais d’effets secondaires ou indésirables. Cependant, dans certains cas, il a déjà provoqué des éruptions cutanées, des nausées, de la somnolence ainsi que des diarrhées. Il peut aussi entraîner des cas de bouche sèche. Comme il fait travailler les reins, le champignon peut augmenter légèrement la quantité d’urines. Pour éviter ces effets, il est important de tenir compte des indications de consommation présentes sur le produit. On considère le cordyceps sinensis comme un champignon sécuritaire dans la mesure où ses utilisateurs le consomment en quantités raisonnables.
Conseils : où et comment acheter la plante
Le cordyceps sinensis se trouve essentiellement en poudre, en tant qu’extraits. Il s’agit alors de gélules, qui se consomment dans le cadre d’une cure de complément alimentaire. On peut aussi trouver le champignon séché dans certaines herboristeries et sous la forme d’une poudre. Quelle que soit la forme choisie, veillez toujours à respecter les doses journalières recommandées et à ne pas les dépasser.
Votre champignon doit provenir du continent asiatique, et en particulier de Chine, du Tibet, d’Inde, du Népal ou du Bhoutan. C’est dans ces pays spécifiques qu’il pousse naturellement. Or, le plus souvent, vous aurez affaire à un champignon cultivé sur un substrat à base de riz. Dans ce cas, assurez-vous d’opter pour un produit de qualité, issu d’une culture durable et respectueuse de l’environnement (biologique). Le cordyceps sinensis doit contenir des vitamines, des minéraux, des protéines et des acides aminés. Sa composition doit être la plus riche possible, notamment si vous souhaitez profiter des bienfaits du champignon chenille. Privilégiez les champignons élevés artificiellement en France, afin de profiter de contrôles de qualité efficaces.
En 1996, des cas d’empoisonnement au plomb, alors attribué à la consommation de cordyceps sinensis, ont été rapportés par un chercheur chinois. Pour éviter tout risque, il est préférable de favoriser des produits hautement qualitatifs, soumis à des contrôles de qualité très stricts et rigoureux. Sachez qu’il n’existe qu’une seule forme de cordyceps efficace, et il s’agit du cordyceps sinensis. Attention aux contrefaçons !